De l'art-thérapie par l'architecture (3ème partie)
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3- TROIS ATELIERS
D’ARCHITECTURE –THÉRAPIE
Ayant validé d’un pont de vue théorique
la possibilité d’utiliser le travail d’architecture dans un atelier
d’art-thérapie, nous nous proposons d’analyser le vécu des participants à trois
expériences d’ateliers dont la thématique principale était l’habitat et dont
les médiums privilégiés étaient directement issus des techniques d’ateliers d’architecture. Il s’agit d’une démarche exploratoire.
Les contextes de ces ateliers ne permettaient pas de recueil de données en pré
et post test ; les types de situation et de patients ne permettent pas la
comparaison.
3-1-TROIS LIEUX D’EXPÉRIMENTATION
Nous analyserons ici les trois ateliers
d’art-thérapie que nous avons mené et dans lesquels la thématique
architecturale était prégnante :
- un atelier mené dans un service fermé de
pédopsychiatrie pour adolescents,
- un atelier en centre d’hébergement
d’urgence,
- un atelier en hôpital de jour pour
adultes.
L’atelier avec les adolescents en hospitalisation fermée avait lieu deux fois par
semaine, les patients étant inscrits à l’atelier sur prescription médicale pour
6 séances, ils pouvaient prolonger leur participation au-delà des séances
prescrites. L’atelier s’inscrivait dans un emploi du temps comprenant 2
ateliers par demi-journée. Le groupe comprenait au maximum 4 patients avec une
psychologue stagiaire. L’activité durait ¾ d’heure à 1heure et, hormis les mises
en place et rangement, ne comprenait que des tâches créatives.
L’atelier avec les personnes en précarité avait lieu une fois par semaine et les
participants y étaient volontaires. Il s’agissait du seul atelier et de la
seule activité proposée par un intervenant extérieur. Le groupe de participants
a varié de 1 à 7 personnes avec une psychologue, certains participants étant
francophones et la majorité allophone. L’atelier durait 1h30 et comprenait un
temps d’évaluation par questionnaire de bien-être auto-renseigné, des tâches
créatives, un exercice de présence corporelle.
L’atelier avec les patients de l’hôpital de jour était également hebdomadaire, les
patients participaient volontairement. L’atelier s’inscrivait dans un emploi du
temps comprenant 1 atelier par demi-journée. Le groupe de patients comprenait
au maximum 6 personnes et toujours 2 art-thérapeutes. L’atelier durait environ
1h30 et comprenait un exercice de présence corporelle puis une tâche créative.
D’un de ces lieux à l’autre et à l’intérieur de chacun d’eux, les difficultés
psychiques des patients et leurs pathologies sont variées. Les adultes en
hébergement d’urgence vivent une précarité administrative, financière et de
logement, la plupart souffrent d’anxiété et de problèmes somatiques, qui
compromettent leurs capacités à rebondir et s’engager dans la résolution de
leurs difficultés. Les adultes en hôpital de jour souffrent le plus souvent de
troubles psychotiques avec parfois une tonalité dépressive importante. Les
adolescents en service fermé souffrent de pathologies diverses, troubles du comportement, dépression,
troubles du comportement alimentaire, phobie scolaire, etc. Les adultes et
adolescents hospitalisés ont parfois fait des passages à l’acte auto-agressifs
et des tentatives de suicide qui ont motivé l’hospitalisation.
3-2- DES ATELIERS D’ART-THÉRAPIE
Dans chacun de ces ateliers, les
participants étaient clairement informés du statut de psychologue (ou
psychologue stagiaire) et d’art-thérapeute des animatrices. Dans les deux hôpitaux, il allait de soi
pour les personnes que les intervenants en atelier faisaient partie de l’équipe
soignante. En centre d’hébergement d’urgence, malgré la réticence des autres
professionnels, la qualité de psychologue a bien été indiquée et comprise par
tous les participants quelque soit leur langue, certains hébergés préférant
alors ne pas participer à l’atelier. Ces ateliers étaient donc clairement
« inscrits dans le soin » avec comme objectif affiché
« d’amener l’autre à un processus de
changement » (Sudres, 2007, p.39). Les adolescents en service de
pédopsychiatrie avaient bien identifié cet objectif tout en le mettant en cause
pour certains : « je ne vois pas
l’usage thérapeutique de l’atelier ».
Les tâches et médiums ont été proposés
comme outils de la résolution de l’offre de représenter son habitat idéal. Les
participants pouvaient choisir de ne pas représenter leur habitat idéal ou
d’utiliser d’autres moyens que ceux qui leur étaient présentés. Enfin, il
n’était pas attendu de performance dans la réalisation sur laquelle aucun
jugement esthétique n’était donné.
Un questionnaire de vécu d’atelier (voir
en annexe) a permis de recueillir les avis des participants à plus de 6
séances. 10 adultes ont répondu ce questionnaire :
- 5 patients parmi les 10 ayant participé à
l’hôpital de jour
- 7 usagers parmi les 19 ayant participé en centre d’hébergement.
La satisfaction s’exprime facilement dans
un contexte de participation volontaire et de désirabilité sociale vis-à-vis
d’art-thérapeute qu’ils vont continuer de côtoyer. Tous signalent une
amélioration, soit de leur capacité de « concentration, de leur imagination,
de leur patience », de leur
« confiance en eux » et de
leur capacité d’être avec les autres. Pour certains, l’atelier a donné un
repère dans la semaine et un espace permettant de sortir de la difficulté de
vivre, de « s’alléger, de se reposer, de se remonter le moral. »
Parmi les 40 participants en service de
pédopsychiatrie, 13 adolescents ont répondu un questionnaire de vécu d’atelier
(voir en annexe) plus détaillé. Leur satisfaction est plus mitigée, il s’agit
pour eux du seul questionnaire de satisfaction post atelier dans lequel ils
peuvent s’exprimer. Le désir de satisfaire la psychologue stagiaire est faible.
5 signalent une amélioration liée à l’atelier, certains précisent qu’il s’agit d’une meilleure concentration ou d’une plus grande imagination. 3 indiquent que l’atelier les a aidé, à apprendre, à mieux dessiner, à découvrir
plein de choses et notamment « des capacités [qu’il] ne connaissait
pas », mais plusieurs notent leur frustration de ne pas avoir accès à
cet habitat dans le réel.
Les remarques concernant le groupe de
participants vont de « trop
silencieux, renfermé » à « ambiance
chaleureuse », en passant par « distrayant », « plutôt
cool »,« bonne ambiance »,
« homogène », « c’est des bonnes personnes »,
« ce sont mes amis ».
« Être intégré dans un groupe »,
« travailler collectivement »
a donc été un vécu important et positif
pour 21 des 23 participants.
Les remarques concernant les animateurs
ont été sollicitées dans le questionnaire des adolescents qui notent de « pas gênante » à « très à l’écoute », « bien », et remarquent
essentiellement l’aide qui leur est apportée quand ils « n’y arrivent pas » ou pour « trouver des idées ». Le
questionnaire des adultes ne sollicitait pas de tels retours, néanmoins
certains ont noté les art-thérapeutes « très encourageantes et apportant de l’aide » et ont laissé des
remerciements.
3-3-DES TÂCHES D’ARCHITECTURE EN ATELIER
Dans ces trois expériences, les tâches
d’art-thérapie expressive ont occupé la majorité du temps. Dans tous les cas,
la proposition a été de représenter son habitat idéal à partir des médiums
proposés ou de manière libre. Les tâches principales ont été la boîte-maison, l’habitat dans le paysage et le paysage
dans la fenêtre.
La tâche de construction boîte-maison consiste à :
- découper, plier et assembler par collage,
un des modèles de boîte en forme de maison en bristol ou canson de fort
grammage,
- puis de décorer le volume ainsi créé par
collage dessin ou peinture.
C’est une tâche qui confronte à la
création d’un contenant, à la question de l’enveloppe, du dedans/dehors, et à
la symbolique de la maison/ de l’édifice dans lequel on se tient.
La tâche de représenter un habitat dans le paysage consiste
à :
- choisir un bâtiment dans un corpus
important de photographies noir et blanc de format A4, puis de décalquer tout
ou partie de celui-ci
- choisir son environnement et le décalquer
également autour du bâti
- décorer, mettre en couleur, le tirage du
décalque réalisé.
C’est une tâche qui confronte au problème
du choix, au repérage des éléments divers de l’édifice (couverture, gouttières,
modénature des murs, fenêtres, portes, vitrages, rapport au sol), et qui oblige
à différentier les différents plans de la représentation, soit la forme (le
bâti) et le fond (son environnement).
La tâche de mettre un paysage dans la fenêtre consiste
à :
- choisir un espace intérieur dans un
corpus important de photographies noir et blanc
- remplacer les vues depuis les baies par
d’autres photographies.
C’est une tâche qui permet de choisir
quel espace intérieur nous convient, quel rapport (très ouvert, très fermé,
etc.) nous entretenons avec l’espace extérieur, puis de trouver la juste mesure
du lien entre les deux, la limite de l’espace extérieur.
D’autres tâches ont été réalisées par
certains patients :
- création de maquette (2 patientes
adolescentes)
- dessins de projets en plan ou en
perspective au crayon sur canson ou calque (adolescents)
- coloriage de représentations de
bâtiments, de villes, de paysages, réalistes ou fantaisistes (adolescents et
adultes en centre d’hébergement)
- coloriage de plans de ville d’époques
diverses (adultes en centre d’hébergement)
- plans de situation (adolescents et adultes
en centre d’hébergement)
- pochettes de rangement (adolescents et
adultes en centre d’hébergement)
- modelage de terre (adolescents)
Pour chaque atelier, des tableaux
récapitulatifs des patients et tâches réalisées sont joints en annexe.
4- DES EFFETS DE
L’ARCHITECTURE THÉRAPIE
Nous nous proposons d’examiner ci-après
les mouvements psychiques observés par les participants et les art-thérapeutes
qui nous apparaissent spécifiques au travail d’architecture en art-thérapie
expressive durant ces trois ateliers. Ceux-ci n’étaient pas inclus dans une
démarche de recherche, il n’y a pas eu de recueil de données spécifiques. Nos
observations ont été notées au fil de chaque séance. S’agissant d’une première
approche avec une forte variabilité des conditions de chaque atelier et une
démarche qui s’est modifiée au cours du temps, notre analyse sera uniquement qualitative.
4-1- EFFETS DES OUTILS, SUPPORTS ET MEDIUMS
4-1-1
Le décalque et les éléments préfabriqués, une fonction d’appui
Les divers modèles de boîtes-maisons, les collections d’images
d’habitat, de paysages, les dimensions de cadre à investir, etc. étaient préconçus à la séance
d’atelier. Cette pratique de supports
préparés par l’art-thérapeute n’est pas très habituelle dans les ateliers
utilisant les arts plastiques. Nous l’avons cependant observée parfois en stage
avec des feuilles retaillées avec des dimensions et formes originales et avec
des éléments prédécoupés à investir dans un espace plus large. Nous postulons
que ce matériel support peut jouer le rôle de la première trace de squiggle de Winnicott, comme « une prise symbolisante » offerte au
patient par le thérapeute (Stitelmann, 2015, p.61-63).
Le travail
sur calque ou le décalquage a fait l’objet de nombreuses remarques sur les
questionnaires, soit comme l’acticité la plus facile, soit, au contraire comme
la plus difficile, soit comme la plus plaisante. C’est une technique assez peu
utilisée dans les ateliers habituels d’art-thérapie plastique qui souhaitent
plutôt ouvrir grand à la créativité. Pourtant le décalque qui se trouve en
position intermédiaire entre le dessin de chic à main levée et le découpage.
« Le papier-calque, qui est ressenti
comme un intermédiaire et non pas comme un support noble, est moins
intimidant » (Odier, 2014, p.129). L’utilisation du décalquage permet
à certains patients de dépasser la
crainte d’une « incompétence » en dessin, ils peuvent ainsi
produire une image qui leur est propre (choix du modèle d’habitat, choix de
l’environnement, choix des couleurs, …) tout en s’appuyant solidement sur les
images d’un existant. Il arrive également qu’ils n’osent pas poser leur trace
sur un support ou qu’ils n’aient vraiment pas la capacité de construire seuls
une image. « Dessiner d’après un
modèle ne nuit pas à la liberté de l’apprenti : il s’agit au contraire […]
de savoir comment il est structuré pour pouvoir choisir ce qu’on veut en
conserver, s’approprier, et choisir ce qu’on veut modifier, ou rejeter.»
(Odier, 2014, p.71, 84 et 89).
Nous avons ainsi constaté un dépassement
de certaines inhibitions aussi bien chez les adolescents que les adultes
grâce à cette technique qui ne demande pas de « savoir dessiner » et
qu’on soupçonne moins d’être possiblement intrusive. Certains patients, en
particulier chez les adolescents, portaient l’inquiétude d’être constamment
« analysés » par les soignants et s’efforçaient d’éviter de donner
des traces d’eux-mêmes interprétables.
4-1-2
– Coloriage, une fonction apaisante, un retour à l’enfance
La mise
en couleur des tirages de décalque sur canson a également fait l’objet de
nombreuses remarques. A l’âge des participants, même si les cahiers de
coloriages pour adultes, malencontreusement parés du titre d’art-thérapie, sont
à la mode, il y a longtemps que les crayons de couleur et autres feutres et
pinceaux sont oubliés ou limités à l’heure symbolique hebdomadaire du collège.
« Trouver la couleur »,
« passer la couleur », ont
été notés parfois comme les tâches les plus faciles et parfois comme les plus
difficiles. Le coloriage est parfois sollicité seul et des modèles à colorier
de bâtiments ou d’ensembles urbains réalistes ou fantaisistes ont été mis à
disposition dans l’atelier. Les demandeurs aussi bien adultes que jeunes ont
justifié leur demande par la fonction apaisante
de cette activité, « les petits
gestes réguliers mis en œuvre agissent comme un bercement ; en plus
colorier apporte la satisfaction d’un travail bien fait. » reconnaissent
Odier (2014, p.104) et Briat (2015, p.127).
Le choix des couleurs a tout de même pu susciter
un retour au réel puisqu’il
s’agissait de trouver le ton d’une couverture ou d’un mur avec la proposition
de l’art-thérapeute d’observer par la fenêtre et de se référer aux teintes
perçues dans l’environnement. Colorier
c’est séparer chacun des objets du
magma originel […] c’est donner une individualité à chacun d’eux. »
(Odier, 2014, p.104). Les photographies en couleur ont également pu être prises
en référence pour remarquer les différences de ton d’une paroi éclairée par le
soleil tandis que l’autre est à l’ombre ou pour retrouver des coloris de
situations exotiques : plage, mers, cocotiers, etc.
Un retour
sur des situations agréables du passé, voire enfantines, est souvent évoqué
lors des travaux des participants :
- type d’activité de découpe et assemblage
par collage de languettes qui rappelle les poupées de papier à habiller
rituellement proposées lors des maladies où l’on garde la chambre,
- maison de rêve évoquant un carbet d’une
région d’origine ou d’une région de vécu agréable,
- paysage rappelant celui de l’enfance ou
un lieu de vacances.
4-1-3
Choisir et réussir, restaurer son image de soi
Qu’il s’agisse de décalque ou de
coloriage direct, le travail du choix de l’image à investir est en soi une
tâche d’art-thérapie. Pour certains patients, le choix d’un bâtiment à reproduire ou d’images d’intérieur à
utiliser constitue déjà une aventure « choisir
signifie aussi accepter de perdre, renoncer et même sacrifier »
(Odier, 2014, p.52). Plusieurs, aussi bien chez les adolescents que chez les
adultes, ont passé beaucoup de temps dans cette étape, « le choix de la maison de mes rêves »,
« trouver des images » est
ainsi parfois considéré comme le plus facile et parfois comme difficile. Une
personne s’est réjouie d’être guidée dans cet exercice par quelque indication
de mise en œuvre d’un choix, elle en a fait la remarque comme étant sa
principale découverte d’une séance d’atelier. Aucun de ces choix n’est anodin.
Parfois il est aussitôt explicité : « ça me plaît parce ça me rappelle la vue depuis … », « les carbets de … », « la maison de mes parents ». On
remarque également une progression dans les choix : un monticule château
branlant, puis une construction plus solidement accrochée à la terre … Ce qui
paraît une expression bien ténue de soi s’apparente en fait au jeu projectif du photo-langage,
qu’il soit ou non explicité sur le moment.
Les supports techniques proposés :
calque, modèles préconstruits des boîtes-maisons,
coloriages, ont permis la réalisation de productions souvent très
satisfaisantes pour les participants. Dans un contexte de souvent grande
dévalorisation de l’image de soi, cet apport
narcissique n’est pas négligeable, « je ne me sentais pas capable », « je ne savais dessiner que des maisons de maternelle » … C’est
l’élément qui surprend le plus les adolescents « tout ce que j’ai fait, j’ai trouvé ça cool et beau », « mes dessins sont beaux », « le dessin m’a surpris moi-même » et
qui est également apprécié par les adultes « le résultat jusque là assez bon ». Pour être considéré comme
bon à tirer, il était demandé la signature du participant, le dessin réalisé
accède ainsi au statut d’œuvre. « Un
dessin ou une peinture non signée sont reconnus comme essais. […] En signant,
l’apprenti adopte véritablement son œuvre, reconnaît sa paternité, « clôt »
une séquence et peut donc se préparer à la suivante. Signer c’est affirmer son
existence en tant que « moi-je » » (Odier, 2014, p.151) Compte tenu des habitudes et consignes
de confidentialité en hôpital de jour, les initiales ont fait office de signature
pour les calques qui devaient être tirés à l’extérieur.
4-2- EFFETS PROPRES À LA THÉMATIQUE ARCHITECTURALE
4-2-1
différentier forme et fond, un détachement salutaire
Si la mise à distance par un temps de
verbalisation en fin de séance est ordinaire dans beaucoup de pratiques
d’atelier d’art-thérapie, ce décollement n’est pas intrinsèque à la création en
art plastique, il fait l’objet des études de Brun (2006, p.274) en médiation
picturale avec des patients psychotiques.
Nous avons fait l’expérience de ce travail de détachement forme/fond avec
une jeune fille se refusant à investir son ‘habitat idéal’, elle avait
représenté une guerrière de manga, la proposition d’y adjoindre un arrière plan
lui avait permis de découvrir une autre dimension ; dans une autre
production elle représente un paysage à deux secteurs, un avant plan de déchets
séparé d’un arrière plan de prairies fleurie. Le travail de mettre l’objet
bâtiment dans un environnement comme dans la tâche d’habitat dans le paysage pose ipso
facto au moins deux plans et généralement un troisième : plan central
avec le bâtiment, avant plan et arrière plan. Lorsque le bâtiment est
représenté et son volume assumé, le cadre, choisi par nous, excédant le format
initial de la première photo, il reste assez de place pour choisir et installer
un paysage de fond. Quelque soit le bâtiment, montagnes et plages sont le plus
souvent à l’honneur. La mise en place de cet arrière plan est soutenu par une
attention donnée de point de vue, le cadre du calque permet un glissement avant
le choix définitif de celui-ci ; c’est aussi l’occasion de ressentir qu’il
s’agit bien de plans successifs qui se
superposent.
Dans la tâche de mettre un paysage dans la fenêtre, il y a
également une attention proposée à choisir ce qui est vu et ce qui restera hors
cadre. Ainsi des participants en pédopsychiatrie et en centre d’hébergement
découvrent que de l’une à l’autre ‘fenêtre’ ils évoluent dans leur point de
vue. Un jeune homme jouait ainsi à se trouver en surplomb de Manhattan puis de
d’une ‘fenêtre’ à l’autre, à se rapprocher du sol. Une femme ayant quitté une
situation dangereuse commençait par
se situer de loin puis rapprochait les paysages de la ‘fenêtre’.
Une femme ayant décompensé sur un mode
dépressif s’est bien investie dans le décalque d’un habitat dans le paysage avec petit à petit de plus en plus
d’enrichissement de sa production aussi bien en arrière plan qu’en premier
plan, elle déclare avoir amélioré son « imagination ».
Dans toutes les tâches propres au travail
d’architecture, fond et forme se
distinguent. Les participants sont ainsi confrontés à des objets
consistants qu’ils peuvent manipuler et les oblige, en quelque sorte à réaliser
« une distance entre le Je et
l’Autre dans le Je » (Brun, 2013b, p.293) qui soutient une plus grande maîtrise d’eux-mêmes.
4-2-2
Du plat au volume, un contenant à échelle humaine
Le travail
sur le volume, « les petites
maisons », « la possibilité
de créer en volume », a été bien apprécié, ainsi que « les enveloppes » ou « la pochette », « la manipulation ». Pour des femmes
plus âgées, en centre d’hébergement ou en hôpital de jour, ces tâches faisaient
écho à des savoir-faire de couture. Pour un homme, l’utilisation des ciseaux et
du pliage a suscité des évocations négatives liées à sa pathologie. La création
d’un contenant, à partir d’une simple feuille à découper et plier, a été
pour certaines participantes une véritable découverte, un quasi insight, que nous regrettons d’avoir
fait pratiquer avec parcimonie compte tenu des frais de fourniture. Certaines
adolescentes ont manifesté bruyamment leur plaisir, la plupart des participants
ont beaucoup investi ce contenant par des mentions extérieures (leur nom,
des décors divers) ou en lui assignant une fonction (décor, rangement des
médicaments).
Le travail de représentation d’un
bâtiment par décalque ou directement a également confronté à la réalité
volumétrique de l’objet. Souvent, avec les bâtiments les plus contemporains et
de formes simples, il faut aider à comprendre l’organisation volumétrique d’une
maison en photo : ce qui est devant, ce qui est vu ou caché, comment les
ombres légères nous indiquent les ruptures de surfaces pour former un volume,
et le tracé sur calque devient plus habile …
La tâche de paysage dans la fenêtre a également permis à certains patients de
découvrir un paysage incomplet qui ne remplit pas toute l’ouverture choisie.
Sur une simple remarque, une femme, en hôpital de jour, se permet de remédier à
ce trou dans l’environnement. Une autre patiente le découvre mais préfère le
laisser ainsi. La tâche d’habitat dans le
paysage consiste, en fin de compte, à choisir quel contenant va accueillir
l’objet bâtiment déjà représenté : montagnes ou végétation enveloppant la
maison.
Dans tous les cas, concernant
l’architecture, il s’agit bien d’un contenant à l’échelle de l’homme, il y a
bien un travail symbolique du sujet sur
ses contenants qui peut participer à soutenir son organisation interne
(Ourghanlian, 2009, p.1), à la maintenir (Anzieu, 1995, p.121).
4-2-3
Des parois à manipuler, prendre soin de sa peau psychique
Toutes les faces extérieures des boîtes-maisons
ont été fortement investies, décorées par des découpes de magazines, des tracés
au feutre, de la peinture, du crayon de couleur. La plupart des décors ont été
réalistes : couverture, murs, portes et fenêtres, avec des fantaisies dans
l’échelle utilisée. Les personnes les plus perturbées ont réalisé des décors en
dépit du support : feux de bois sur ‘le toit’, mer et voiliers, éléments
de l’environnement (potager, balançoires, chaises longues) plaqués en
‘façades’, etc. Un homme a représenté des éléments intérieurs (toile
d’araignée, piano) sur les deux ‘façades’. Un autre s’est joué des consignes
ordinaires en utilisant les languettes de collage en décor extérieur et en
accentuant les accidents de pliage, comme des scarifications sur une peau
fragile. Ces parois transparentes ou fragiles sont en adéquation avec leur
pathologie identifiée. Une jeune fille fait un travail de maquette qui consiste
essentiellement pour elle à découper le carton-plume à grands coups de cutter,
comme une attaque des parois qui semble la satisfaire suffisamment puisque le
volume ne se finira jamais. Une autre, au contraire, prend bien soin des parois
de sa « maison » qu’il faut réparer, consolider. Quelques travaux de
représentation de plans avec des adolescents présentaient une grande fragilité
graphique quand aux parois extérieures du bâti.
Ce travail mobilise donc l’architecture
dans ses fonctions sécurisantes et limitantes, donnant à voir les rapports du
patient avec celles-ci, comme le Moi-Peau « enveloppe contenante et unifiante du Soi, […] barrière protectrice du
psychisme » (Anzieu, 1995, p.121)
4-2-4
Un unique projet qui rassemble des parts de soi
Une femme a occupé les 6 séances d’atelier
à sa boîte-maison ; elle a collé
des morceaux de photo de couverture et de paroi, puis les a reliées par un
travail très fin à la peinture acrylique, donnant ainsi « l’unité des couleurs et des formes des
façades » ; cet objet fortement investi a trouvé place dans son
salon ; il semble qu’elle y a trouvé le moyen de cicatriser les éléments épars de son histoire d’habitat, malgré
« les regrets » dans une
« remontée des souvenirs »
avec toute la « nostalgie »
nécessaire. Un homme a peint sur chaque face de sa boîte-maison une modénature évoquant une région différente, toit de
tuile, toit d’ardoise, colombages, appareillage de pierre.
Une femme, étrangère, allophone,
subissant des soins médicaux très lourds, a réalisé successivement trois boîtes-maisons. A la première découpe il
a fallu l’aider à réassembler deux parties inopinément séparées, à la seconde
découpe une réparation plus partielle était nécessaire, la troisième eu lieu
sans dommage, puis elle s’est désintéressée de cette tâche. Dans le questionnaire,
rempli dans sa langue, elle déclare « je
suis tranquille et en paix. Après [l’atelier] mon corps est léger et mon esprit
est clair[1] ».
Il semble que cette tâche lui ait permis de formaliser un travail de réparation d’elle-même.
D’autres tâches ont été propices à lier des éléments de mélancolie avec la
réalité actuelle. Les couleurs du drapeau du pays d’origine ont été mêlées aux
images locales, les similitudes entre les matériaux ont été investies (toit de
tuiles ici et ailleurs,…), le paysage dans
la fenêtre évoque le pays quitté vu depuis un intérieur occidental. Une
femme a pu ainsi relier ici et là-bas
dans un coloriage de façades fantaisiste et urbain et se permettre d’investir
l’apprentissage du français en attente depuis 7 ans. Une femme a relié son
installé une maison de rêve enveloppante dans un paysage de son vécu d’enfance,
comme une manière de relier ces deux aspects d’elle-même.
4-2-5
Un retour au réel de la gravité, une invitation à son propre ancrage
Le réalisme de l’objet bâtiment dessiné
ou construit détermine obligatoirement l’axe vertical de report des charges.
Une femme très engagée dans la réalisation de sa boîte-maison va jusqu’à la coller sur un support ‘jardin’ qu’elle
décore de quelques cailloux. Une jeune fille colle la boîte-maison d’un jeune homme sur le ‘jardin’ qu’elle vient de
réaliser, puis le lendemain,
l’ensemble fait l’objet d’une découpe radicale séparant en deux part
égales ‘maison’ et ‘jardin’, signe de rupture dans leur jeu. Un homme
s’applique à un soubassement bien continu et régulier sur sa boîte-maison alors que celle-ci présente
par ailleurs une modénature différente par ‘façade’. À l’inverse une femme,
hébergée provisoirement, s’applique à décorer de photos d’étendues d’eau toute
la partie basse et même le dessous de sa boîte-maison.
Plusieurs adolescents, en
modelage/construction en terre, ont essayé de trouver des solutions à la
difficile question de faire tenir une toiture sur du vide. Ayant trouvé les
limites de leurs compétences, ils font un appel à l’aide ou déclarent vouloir
un résultat de bicoque inhabitable … L’exploration du corpus de photos
d’habitat suscite également des demandes de renseignements techniques et
surtout le « comment ça tient ? » lorsqu’il s’agit d’un exploit de
bâtisseur aussi bien contemporain que traditionnel.
Lors du décalque de vues d’intérieur ou
d’extérieur, la logique technique de continuité des reports de charge est
souvent explicitée quant des traits essentiels sont ‘oubliés’. Une jeune fille
hospitalisée en pédopsychiatrie a dessiné trois maisons avant de pouvoir seule
découvrir la présence du sol lors d’un dessin d’intérieur.
Il nous semble que ces mises en œuvres
travaillent alors sur la structuration interne du sujet, sa capacité à se tenir
par lui-même, à trouver ses propres
appuis, à s’ancrer.
5 - DE L’INTÉRÊT
THÉRAPEUTIQUE DE L’ARCHITECTURE
5-1 DES SUPPORTS ET MATÉRIELS
Dans les expériences décrites ici les tâches
proposées s’appuient sur des techniques utilisables mais peu usitées dans les
ateliers classiques d’art thérapie expressive. Ces techniques ont été élaborées
petit à petit sur la base de nos pratiques d’architecte et des contingences
temporelles des ateliers. Certains patients ont été mal à l’aise avec une
technique proposée, dans un contexte où d’autres possibilités n’étaient pas
aussi disponibles. Mais, dans l’ensemble, les participants ont pu s’emparer des
propositions comme outils d’un retour à des affects agréables et d’une
amélioration de l’estime de soi.
Ces supports et techniques (pliages
formant contenant, décalque et tirage) peuvent donc être validés et
éventuellement mieux valorisés dans les démarches d’art-thérapie expressive. Le
travail, à partir de matériels préconçus par l’art-thérapeute, a participé à
créer une situation contenante,
porteuse de la psyché, au même titre que l’ensemble du cadre de l’atelier. La « propriété
de graduation ontologique » (Sudres, 2007, p.174) est bien présente
dans les jeux de découpage et de coloriages proposés.
5-2 DE LA THÉMATIQUE ARCHITECTURALE
L’architecture utilisée comme thématique
principale d’un atelier garde une adaptabilité importante à diverses
projections que nous n’avons pas exploré ici. Elle est particulièrement
favorable aux mouvements psychiques liés à l’ancrage, à la restauration de
l’unité intérieure et de l’enveloppe psychique et, elle invite à la
différentiation forme fond mise en défaut dans certaines pathologies
psychotiques. Les fonctions identifiées par Brun (2013) sont donc ici mises en
évidence ainsi que les phénomènes possibles de réassemblage d’une image
morcelée de soi. La « propriété de
valeur analogique » (Sudres, 2007, p.174) du médium est bien présente
dans cet espace qu’ouvre le travail d’architecture. La « propriété « d’utilité matérielle »
(Sudres, p.176) de l’objet est parfois observée. Les multiples sens que peuvent
prendre les productions rendent évidente la « propriété de polyvalence » (Sudres, p.178) de ce médium.
Nous ne retrouvons pas explicitement les
notions de « refuge sécurisant »
que Gaucher-Hamoudi et al. (2011) avaient identifié dans la construction de
cabanes et Lambert (2015) dans une expression plastique sur ce thème. Nos
observations sur la mise en lien rejoignent Darewych (2012) qui utilise le
symbolisme du pont dans un paysage comme lien entre deux expériences des
patients.
Nous remarquons que ces mouvements ne sont pas contingents à la technique employée mais
se jouent quels que soient les moyens, selon les besoins du participant. Nous
postulons que chaque participant va s’emparer de la tâche, des matériaux, des
supports, en fonction de ce qu’il sent, inconsciemment, possible d’exprimer
dans le contexte de l’atelier.
La proposition d’atelier autour du
« travail d’architecture »
peut donc bien présenter les trois fonctions qu’Anne Brun (2013) identifie
comme nécessaires aux dispositifs d’ateliers à médiation et certaines des
propriétés indiquées par Sudres (2007). L’architecture est donc de premier
abord une pratique artistique particulièrement soumise à des contraintes
d’utilité et de réalisme. Elle paraît peu propice à l’expression de
représentations de scènes de la vie. Mais elle porte intrinsèquement une
capacité d’expression des affects. Les expériences relatées ici nous prouvent
donc que la capacité de contenance et d’expression permettent au « travail d’architecture », tel que
l’entend L.I. Kahn (1996), d’être un médium d’usage thérapeutique.
5-3 QUEL PARALLÈLE POSSIBLE AVEC LES
ATELIERS D’ARCHITECTURE ?
Les ateliers d’art-thérapie présentés ici
se différentient fortement du travail d’architecture ayant pour objectif la
formalisation d’un projet de bâtiment. En effet, l’invention d’un nouveau
bâtiment à partir d’un programme et sur un site donné n’est pas le but de ces
ateliers. La démarche vers un véritable projet, dont le participant était alors
le programmateur et le concepteur, n’a pu exister que lorsque de nombreuses
séances était possible ; ce fut le cas avec quelques adolescents. Même
dans ces cas, la demande de conception et le choix du site ne sont pas externes
au concepteur comme dans la réalité d’un atelier d’architecte. Cependant, il
arrive à l’architecte de bâtir pour lui-même et ce ne sont pas les projets les
moins intéressants.
Dans ces ateliers nous avons
essentiellement permis aux participants de manipuler des bâtiments pour se les
approprier. Il s’agit plutôt des prémisses d’un travail d’architecture que de
celui-ci proprement dit. Des durées d’invention plus longues auraient été
nécessaires pour dépasser plus souvent ce stade. L’atelier
d’architecture-thérapie se heurte aux mêmes difficultés que n’importe quel
atelier d’art-thérapie, à savoir faire faire quelques pas d’une pratique
artistique dans une démarche séquencée en fonction du soin et non assujettie à
l’objectif de réalisation d’une œuvre.
5-4 DES AFFECTS PARTAGÉS ENTRE
ARCHITECTES ET PATIENTS ?
Les participants aux ateliers sont-ils
travaillés par les mêmes affects que les architectes ? Il semble qu’un
certain nombre d’affects que des architectes signalent lorsqu’ils se confient
peuvent se retrouver dans les ressentis des participants aux ateliers.
L’activité en atelier d’art-thérapie ne
confère pas un rôle social aux
participants, néanmoins elle peut leur permettre, d’une part, d’améliorer leur
estime d’eux-mêmes par une production socialement présentable et, d’autre part,
d’expérimenter au besoin des situations spatiales valorisantes. Ils rejoignent
ainsi ces architectes qui aiment s’inscrire dans le paysage.
Si l’architecture soigne la mélancolie de l’architecte (de Bure, 2003, p.22), elle
est pour certains participants aux ateliers propre à réveiller des « sensations contradictoires » tout
en apportant « calme et
tranquillité ».
Elle nous a également permis des échanges
complexes avec des personnes dont nous ne partagions pas la langue comme elle
soutient les architectes en difficulté d’expression verbale. L’architecture
peut donc être investie comme un langage permettant de communiquer en dehors
d’une verbalisation difficile. Nous sommes bien dans la fonction « métaphorisante »
de la médiation.
Le retour aux affects et plaisirs de l’enfance a été évoqué par des patients en
hôpital de jour, les architectes connaissent ce lien à leur enfance, plutôt
comme la continuité d’une pratique. C’est cependant l’accès à une unité du projet ou de la production en
atelier qui rapproche le plus architectes et participants d’atelier. Cette
tension, consciente pour l’un, peut-être inconsciente pour l’autre, fonde
profondément l’intérêt de cette activité.
Faire un projet unique à partir de
données multiples : site, programme des fonctions à abriter, financement, etc. pose donc le travail de conception de bâtiments de l’architecte comme une
activité de résolution de problème. En ce sens l’utilisation de
l’architecture en art-thérapie participe de la même démarche, puisqu’il s’agit,
pour le participant, de résoudre une partie de ses problèmes internes par le
biais de la création d’une production observable.
CONCLUSION
L’architecture n’est pas encore une démarche
habituelle des ateliers d’art-thérapie alors qu’elle est riche de nombreuses
projections possibles et suscite, dans son processus de réalisation, des
affects variés.
Les trois expériences dont nous rendons
compte ici permettent de justifier les outils et médiums du travail
d’architecture dans un atelier d’art-thérapie. Ceux-ci sont propres à soutenir
un investissement sans crainte de participants trop inhibés pour se confronter
à des propositions très libres. Ils peuvent répondre au besoin d’apaisement de
patients anxieux et soutenir un travail de restauration de soi.
La thématique de l’architecture rend ipso facto présente la distance entre
forme et fond et oblige, en quelque sorte, les participants à gérer au moins
trois dimensions, avançant vers une plus grande maîtrise d’eux-mêmes. Elle
oblige à un travail sur un volume, symboliquement à l’échelle humaine, qui
métaphorise une enveloppe psychique contenante. Les parois qui sont le matériau
de base de tout bâtiment peuvent supporter tous les affects de l’extrême
fragilité à l’imposante solidité et subir les attaques et les soins. Comme les
architectes dans leur activité de résolution par la conception de bâtiment, les
participants aux ateliers utilisant l’architecture peuvent faire l’expérience
d’une recherche d’unité à partir des éléments épars d’eux-mêmes, de leur
histoire, de leurs affects.
Ce premier regard sur une démarche
inusitée démontre bien à la fois l’intérêt de la thématique comme celle des
outils et médiums utilisés. Cependant les expériences relatées ont été
partielles. Le nombre de séances par participant a été limité et peu à même de
mettre simultanément à disposition les tâches proposables.
De plus, nous avons élaboré ces tâches au
fur et à mesure et nous savons combien certains aspects de l’architecture n’ont
pas eu de véritable place comme la lumière, la couleur, la matière, etc.
Il reste également à relier cette analyse
à celle que nous pourrions faire à partir de nos travaux sur l’habitat et ses
fonctions pour le psychisme, en particulier dans ses dimensions thérapeutiques.
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