Choisir son "psy"

Identifier le thérapeute qui convient peut paraître d'une grande complexité. D'une part, en raison des différents types de thérapeutes et des écoles de pensée, d'autre part parce que "le bon psy" de l'un n'est pas forcément celui qui nous conviendra. 

Psychiatre, psychanalyste, psychologue, quelles différences?
 Un psychiatre est un médecin, qui peut donc prescrire des médicaments et être remboursé par la sécurité sociale. D'une manière générale, les psychiatres, de moins en moins nombreux, sont pris d'assaut. Il est souvent difficile d'obtenir un rendez-vous et les séances sont généralement assez courtes. On va souvent les voir pour un diagnostic ou des pathologies assez lourdes".  

Les psychologues cliniciens, titulaires d'un bac + 5 en psychologie. Ces professionnels ont obligatoirement fait 500 heures de stage en service psychiatrique pour avoir ce titre protégé. 
Les psychanalystes ne disposent pas d'un diplôme d'Etat mais doivent théoriquement, sans obligation légale néanmoins, remplir trois conditions pour poser leur plaque: avoir eux-mêmes été analysés, avoir été formés à la théorie analytique par le biais d'associations psychanalytiques, et, enfin, être supervisés dans leur pratique.

Psychothérapeute, un titre reconnu depuis 2012
Il ne peut être demandé que par les psychologuesles psychanalystes membres d'une association reconnue, et les médecins. Il n'est délivré qu'après avoir validé une formation théorique  et pratique délivrée par une université. 
L'appellation de psychopraticien a fait son apparition, certains professionnels estimant que celle de psychothérapeute avait été vidée de son sens au moment de sa reconnaissance par l'Etat. Les psychopraticiens ont suivi une formation complète à une méthode reconnue (gestalt-thérapie, analyse transactionnelle, EMDR,programmation neurolinguistiquepleine conscience, etc) et sont accrédités par une commission nationale de pairs.


Approche analytique ou comportementale?


Reste la question de l'approche analytique versus comportementaliste (les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)), qui clive en général ces professionnels, même si, constate Antoine Dupuy, "ces querelles de chapelles sont souvent le fait des anciennes générations, les jeunes thérapeutes préférant voir dans ces différentes écoles des méthodes complémentaires". "Pour des problèmes comme les phobies ou les crises d'angoisse, les TCC présentent l'intérêt de faire disparaître ou d'atténuer rapidement les symptômes", explique Ada Picard. "L'analyse ou la psychothérapie analytique sont des démarches plus au long cours, qui permettent quant à elles de trouver le sens de ces symptômes", ajoute Antoine Dupuy. "Parfois, mener les deux de front peut être la bonne solution".



Homme ou femme? Tarif de la consultation? Des questions essentielles

Parmi les autres questions à se poser absolument avant de se décider, il y a également celle du sexe du thérapeute: "pour certaines personnes, c'est déterminant, pour d'autres moins ou pas du tout. Mais si l'on sait qu'on ne pourra pas se livrer à une femme ou à un homme, autant ne pas perdre son temps". Également en jeu, le prix de la séance, qui tourne en moyenne autour des 60 euros. "Personnellement, indique Antoine Dupuy, je propose de m'adapter aux moyens de mes patients s'ils sont dans la difficulté, mais ça n'est pas le cas de tous les psys. Il n'empêche que c'est un sujet que l'on doit pouvoir aborder avec le professionnel. Il peut refuser, mais s'il s'en offusque, autant passer son chemin". "Il existe des solutions de soin gratuites, dans les CMP (Centre médico-psychologique), mais aussi les universités", précise Ada Picard. 
Également souvent évoquée, la question du psy "qui parle ou pas". "C'est quelque chose qui semble important pour beaucoup de patients", confirme Ada Picard, qui, en ce qui la concerne, "fait partie des psys qui parlent lorsque c'est nécessaire". Antoine Dupuy lui aussi échange parfois avec ses patients, "mais mesurément": "le psy n'est pas un coach, il n'est pas là pour dire comment vivre, pour prendre les décisions à la place de son patient, mais bien pour l'aider à identifier ses désirs", explique-t-il. Toujours est-il qu'il peut être bon d'interroger le thérapeute en amont, sur la façon dont se déroulent ses séances. 

Bouche à oreille amical, conseil du médecin, plusieurs manières de trouver le "bon"


Une fois au clair sur tous ces points, le plus dur reste à faire : trouver celui auprès duquel on parviendra à se confier. En la matière, tous les chemins mènent à Freud (ou Lacan). Mao a ainsi déniché la psy de sa fille "dans l'annuaire": "j'ai ensuite téléphoné et ce premier contact a été hyper concluant", raconte-t-elle. Pour Betty, la rencontre s'est faite grâce à un ami. Quant à Vanina, c'est au CMP du quartier qu'elle est allée. "Il n'y a pas qu'une seule façon de faire" confirme Antoine Dupuy : s'il approuve la démarche consistant à éplucher les pages jaunes, les sites Internet des associations ou certains annuaires, il recommande toutefois de commencer par "le bouche à oreille médical ou relationnel": "il ne faut pas hésiter à demander conseil au médecin traitant en qui on a confiance, ou à son orthophoniste, son kiné, son pharmacien, etc." 

"En ce qui concerne les amis ou la famille, oui, s'il ne s'agit pas de leur propre thérapeute", prévient Ada Picard: "se retrouver ensuite dans la même salle d'attente que son frère ou que sa femme, ce n'est pas optimal!" "Je considère que traiter plusieurs personnes de la même famille ou des amis très proches pose un problème éthique", tranche quant à lui Antoine Dupuy: "Les histoires peuvent s'imbriquer, il peut y avoir des confusions." Autre critère à prendre en compte, s'accordent à dire nos deux experts, "la proximité géographique". "Autant que faire se peut, mieux vaut que votre psy ne soit pas trop loin de chez vous. Sur la durée, cela peut être une cause de décrochage", observe Ada Picard.  


La première séance, souvent déterminante

Enfin, vient le test grandeur nature, la première séance, qui peut être aussi la dernière. "Je crois vraiment que si le contact ne passe pas, si l'on sent que l'on ne va pas être libre de parler de tous les sujets et surtout de l'intime, c'est le signe que l'on n'est pas face à la bonne personne", estime Antoine Dupuy. "Il ne faut pas non plus baisser les bras trop vite, on peut se laisser le temps de deux ou trois séances avant de rebrousser chemin", tempère Ada Picard. "Mais oui, il s'agit d'une rencontre, d'une alchimie, qui opère ou non." "Si l'on enchaine les premiers rendez-vous non concluants, il faut peut-être se demander si le blocage vient du psy ou de soi-même", glisse par ailleurs la psychiatre.  
"C'est une démarche difficile, d'aller 'voir quelqu'un', comme on dit, et de s'ouvrir ainsi, de s'exposer. C'est normal que ça ne soit pas facile. Mais il faut qu'à un moment, on puisse le faire, sans gêne et sans faux semblants. C'est parce que j'ai pu immédiatement lui parler de mes blocages sexuels que j'ai su que cette personne pourrait m'aider", abonde Sylvie, en thérapie avec "la bonne psy, enfin, depuis deux ans". 
Caroline Franc Desages - 28/11/2014 - l'Express

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